L’interview croisée de Mariette et Audrey, assistantes familiales thérapeutiques

Date de publication : 14-09-2023

Rencontre avec deux professionnelles du soin, aux profils différents, qu’unit une grande complémentarité. Salariées de notre établissement, elles sont rattachées au Pôle de Psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent Vendée Océan. En présentant leur travail et en témoignant de leur expérience, elles souhaitent faire connaître l’Accueil Familial Thérapeutique et ses bénéfices pour la famille et les enfants accueillis.

  • Comment êtes-vous devenues assistantes familiales thérapeutiques ?
Mariette : J’ai commencé en juin 2006. J’ai connu le métier par un article de presse. J’étais alors assistante maternelle et j’avais envie d’évoluer. Pour devenir assistante familiale thérapeutique, j’ai obtenu un agrément de la Protection Maternelle et Infantile « PMI » et suivi une formation. Après un entretien avec l’équipe de l’AFT (Accueil Familial Thérapeutique) porté par le Centre hospitalier Georges Mazurelle, je me suis positionnée sur cet accueil familial axé sur le soin avant tout.

 

Audrey : Avant de commencer en 2021, j’étais cadre de santé au Centre Hospitalier Départemental de Vendée où je gérais le service de recherches cliniques. Lors de la pandémie de Covid, je suis intervenue dans une unité spécifique en cardiologie me permettant d’être au plus près du soin, proches des patients et des familles. Ce contact direct m’est alors devenu essentiel. Au niveau personnel, après l’investissement lié à cette crise, j’ai ressenti le besoin d’être plus proches de mes enfants. L’idée d’être famille d’accueil a alors commencé à germer. En tant que soignante, l’aspect thérapeutique de cet accueil faisait sens pour moi.

 

  • Comment votre famille s’est-elle intégrée au projet ?

Mariette : Au début, mon fils vivait encore à la maison. Pour lui, c’était une continuité car il y a toujours eu des enfants chez nous avec mon précédent métier d’assistante maternelle. Mon époux est partie prenante, il s’agit d’un projet familial avant tout. Et cela fait 17 ans que j’exerce !

Audrey : Un peu sceptique au début, mon mari a été vite rassuré par le côté structuré du dispositif, par la possibilité d’avoir des espaces libres sans les enfants les week-ends et vacances, ainsi que par l’accompagnement proposé. J’ai trois enfants entre 13 et 19 ans. Devenir une famille thérapeutique les a fait évoluer, les a ouverts aux autres et à la différence.

  • Combien d’enfants accueillez-vous ? Sur quelle période ?

Mariette : Je m’occupe actuellement de deux jeunes de 11 et 12 ans. J’ai trois agréments et j’en utilise deux à ce jour. Nous avons les enfants du lundi au vendredi (au plus tard jusqu’à 13h). Ils sont chez leurs parents le week-end et pendant nos congés.

Audrey : Je reçois un seul enfant, une jeune fille qui avait 9 ans à son arrivée en 2021. Dans ce dispositif d’accueil, les enfants restent au maximum 3 ans dans la famille, la durée est revue régulièrement.

  • Parlez-nous de votre quotidien

Mariette : La jeune fille est là depuis un an et demi et le garçon depuis un an. Il est déscolarisé et nous passons donc beaucoup de temps ensemble. Nous reprenons certaines bases : l’alimentation, l’hygiène, le sommeil, les comportements à la maison, en société… Au début, il y a une période d’observation des enfants : on tente des choses, on parle avec l’équipe AFT et on s’adapte. Les enfants ont besoin du regard et de l’attention des adultes, cela les sécurise. Ils testent le cadre pour voir si on bouge. Si on reste ferme, ils sont rassurés.

Audrey : Quand j’ai accueilli la jeune fille, elle était complètement déscolarisée après de longs mois d’hospitalisation. Elle avait différents troubles psychologiques. Elle ne savait pas se poser, s’occuper. Il y a eu un équilibre à trouver car les enfants peuvent se montrer intrusifs tellement ils ont envie d’être intégrés. J’ai été aidée en cela par l’équipe de l’AFT. Deux ans après, elle a repris une scolarité presque normale. J’ai cherché à lui montrer au fur et à mesure qu’elle pouvait y arriver, qu’elle était intelligente, elle m’a dit que j’étais la première à lui dire. Parallèlement à l’école, elle a une activité sportive le mercredi et un suivi par l’hôpital de jour.

Mariette : C’est la politique du petit pas, s’il y une chose positive, on le dit, on rassure. On prend en compte leur potentiel, on les accompagne sur une autre manière de faire. On leur donne des pistes pour trouver la solution par rapport à eux-mêmes. Nous parlons beaucoup, nous mettons en mots leurs maux.

  • Comment êtes-vous accompagnées ?

Mariette : Une fois par semaine, l’infirmier référent de l’AFT vient à domicile. Cela se passe le plus souvent hors de la présence de l’enfant. Il s’agit d’un temps pour nous, un debrief de la semaine. C’est un RDV d’1h30 où l’infirmier nous écoute, nous oriente et nous aide. C’est indispensable. L’arrivée et le départ des enfants se travaillent ensemble.

Audrey : Nous avons en plus des analyses de pratique une fois tous les 2 mois avec une psychologue et un infirmier de l’établissement. On parle de notre vécu, on échange entre familles, c’est rassurant. C’est un dispositif solide porté par l’établissement, un soin d’avenir pour des enfants en pathologie chronique stabilisée.

  • Quelles sont vos relations avec les parents ?
Mariette : Nous ne connaissons pas les parents, il n’y a aucun contact avec eux pour éviter tout conflit de loyauté de la part de l’enfant. Ils gardent leur autorité parentale et gère tout ce qui relève de l’ordre administratif. Nous sommes dans le soin avant tout, pas une substitution des parents. Pour les enfants, nous sommes à un instant de leur histoire, mais pas toute leur histoire. Devenus adultes, certains reviennent me voir et me disent « Grâce à vous et à votre mari, je m’en suis sorti ».

 

Audrey : Les parents sont accompagnés par la même équipe AFT en parallèle.

Je dis souvent à la jeune fille que j’accueille :

« Ne doute jamais de l’amour de ta mère. En demandant de l’aide, elle t’a fait un cadeau d’amour ».

 

📌  Les 10 points à retenir pour Mariette et Audrey sur l’Accueil Familial Thérapeutique

  1. Nous sommes avant tout des soignantes

  2. Nous sommes salariées, nous avons un agrément de la PMI et un Diplôme d’État d’Assistante Familiale

  3. Du lundi au vendredi, nous accueillons à notre domicile des enfants qui ont généralement entre 7 et 14 ans. L’accueil est possible de la naissance à 16 ans

  4. Nous avons nos week-ends libres et nos vacances

  5. C’est un projet familial : le/la conjoint(e) et les enfants doivent être parties prenantes 

  6. Les enfants restent au maximum 3 ans dans la famille, la durée est revue régulièrement 

  7. Nous n’avons aucun contact avec les parents, qui gardent leur autorité parentale. Il y a un contrat de soin avec le pôle de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, l’enfant accueilli et les parents sont d’accord 

  8. Nous sommes accompagnées par l’équipe de l’AFT (visite à domicile 1 fois par semaine) et par une analyse de pratique tous les 2 mois

  9. Nous ne gérons pas les rapports avec l’école, ni ce qui est d’ordre administratif 

  10. Cela amène de la richesse à la famille et on voit l’évolution des enfants !

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• Secrétariat AFT : 06 33 28 95 54
• Équipe AFT : 06 33 29 67 26

Un grand merci à Mariette et Audrey pour leur investissement ainsi qu’à toute l’équipe de l’AFT
Propos recueillis par Katia Massol, Chargée de communication externe